Alba | Now my days are numbered 'Til I lose my mind.

Maria Alba Bartolomé

Histoire ou Anedoctes

13 de Mayo 1997: | Salamanca, Espana. Un jour qui restera gravé dans bien des mémoires. Les vôtres, les leurs, celles de ses soignants, de ses médecins, anges qui aident à donner la vie. Un jour de printemps radieux, doux, ensoleillé. Jour ou deux enfants ont poussés leurs premiers cris à, à peine, quelques minutes d'intervalle. Il y eu d'abord ceux d'un fils, Zäven, suivis rapidement des siens, des tiens; Alba. La surprise était générale pourtant à l'annonce de cette grossesse. Des parents peu ravis à l'idée de multiplier leurs dépenses par deux pour vous accueillir. Il faut dire que l'entreprise familiale commençait à battre de l'aile, et que, la corde au cou, ton père était à deux doigts de la faillite. Et pourtant, oui pourtant, ils vous ont élevés et se sont battus corps et âmes pour que Zäven et toi, puissiez avoir la plus belle des vies.

Primeiro Ano: A commencer par des emprunts qui sont devenues des dettes, et des dettes qui se sont accumulées. Les rentrées d'argent étaient bien moins importantes que les sorties. Les comptes bancaires étaient souvent débiteurs, et dans tout ce merdier monstrueux, il y avait l'espoir malgré tout. L'espoir de se tirer la tête hors de l'eau, des beaux jours et du soleil derrière les nuages gris. A cette époque la, Zäven et toi n'étiez que des gosses. Vous vous contentiez de sourire quand des regards familiers se posaient sur les vôtres. L'innocence et la naïveté même, à croire que la vie pouvait être belle, idyllique, presque parfaite.

Segundo Ano: Et puis un jour, il a fallut se rendre à l'évidence. La clef sur la porte, endetté jusqu'au cou, la peur de finir seul et à la rue. La peur de ne pas rendre fier, l'impression d'être en équilibre sur un maigre fil suspendu par dessus un ravin avec cette persuasion que la chute est bien réelle et qu'elle risque d'être brutale. La encore, vous étiez beaucoup trop jeunes pour réaliser totalement que cet homme , "le" géniteur, commençait à devenir épave, à noyer son désarroi et ses peurs dans l'alcool. L'homme est faible, et certains, dépourvu de combattivité, se laisse souvent aller dans des déboires dont ils ne mesurent nullement les conséquences réelles et l'impact que cela peut avoir dans leur vie de tout les jours. Il était ivre. Cet homme ne tenait pas debout, ses vêtements étaient bien souvent froissés, mal boutonnés, et son haleine avait l'odeur d'un vieux whisky de dix ans d'âge. Une épave aux yeux cernés, rouges, à la barbe imposante qui ne porte plus attention à ce qu'il avait qualifié autrefois de "Plus belle réussite dans sa vie". L'espoir a finit par s'éteindre, comme l'homme qui n'a pas eu le courage au final de vivre quelques années de plus pour vous voir grandir.  L'ivresse l'a détruit, l'alcool la tué, la vie s'est arrêtée, pour lui.  

Tercero Ano; La vie à Salamanca s'est arrêtée à ce moment la pour vous. Du haut de vos trois ans, bagages sous le bras, vous êtes partis à trois. Ta génitrice, Zäven et toi, vous êtes partis, quelque part. Vôtre mère, ruinée, avec les dettes de son mari.. n'eut nullement le choix que de vendre les seuls biens qu'ils vous restaient , avant de trouver refuge auprès des siens, à Surmont. Cette famille Serbe vous a soutenus, épaulés, vous a offert l'hospitalité, le confort nécessaire pour que vous continuez à vous épanouir, à grandir sereinement. Zäven et toi, vous partagiez la même chambre, et cela a bien durer plusieurs années.  C'est à Surmont que vous avez découvert la scolarité et la sociabilisation, le temps des rencontres, des premiers copains qui en un temps de récréation deviennent vos pires ennemis. Collée à Zäven, tu savais qu'à ses côtés, rien ne pouvait t'arriver et lui se sentait apaisé avec toi dans ses pattes, une main dans la sienne. 

Surmont: Malgré les origines serbes côté maternel, vôtre langue de prédilection a toujours été le français voir un peu, beaucoup, d'Espagnol quand vous étiez autorisés à partir en vacances ,le temps d'un été, à Salamanca pour retrouver les grands parents paternels. Une habitude qui n'a jamais éveillée plus que ça ta curiosité sur le comment du pourquoi vous en étiez arrivés à ça. La mort de ton père était un sujet tabou. "Il était malade. Mais il va mieux Alba.. La ou il est, il se sent tellement mieux." La ou il est. Le ciel. Si haut, si loin, intouchable. Il était une étoile parmi les autres, celles qui brillent la nuit entière. Celle qui donne l'impression qu'il suffit de la regarder pour se sentir bien, presque protégé même. Et tu la fixait cette étoile Alba, dans ce ciel infini.  Tu souriais Alba quand tu la voyais cette étoile, persuadée qu'elle était l'incarnation même de l'homme qui t'as aimé malgré tout, malgré la difficulté de la vie. Au final, il est peut être préférable que tu ne saches jamais de quoi est réellement mort cet homme, l'homme de ta vie. Considère le comme l'une des étoiles les plus brillantes du ciel, la plus belle de toutes, la plus rayonnante. Imagine le souriant, beau,  fier de la petite fille que tu deviens. La ou il est, il n'est plus épave. La ou il est, il est serein, certainement pleins de regrets de ne pas être auprès de vous, mais il se sent si apaisé la ou il est.  

Du haut de tes 7 ans, tu t'imagines parfois astronaute, comme ci une simple fusée pouvait t'emmener jusqu'à lui, histoire que tu puisses le serrer contre toi, quelques minutes voir quelques heures. Tu as envie d'être astronaute, tu as envie d'aller jusqu'à lui, tu as envie de découvrir ce monde au delà du tien, celui du ciel. La curiosité te dévores de l'intérieur, te fais pousser des ailes, fait naître de la détermination et de l'ambition en toi. Ton caractère s'affirme au plus tu grandis, tu découvres de nouvelles passions, notamment celle de l'astronomie. La galaxie t'émerveille, te fascine, les étoiles t'ôtes toute parole quand tu les contemples. Tu pourrais les observer des heures durant, ne pas dormir une seule heure de la nuit que cela te serais bien égal. Persuadée de réussir dans ce domaine qui te passionnes, tu t'appliques dans le domaine scolaire, décroche une flopée de bonnes notes, prend à de multiples reprises la tête de la classe, et t'attires parfois les foudres de petits camarades mal intentionnés qui ne sont pas spécialement admiratifs des premiers de classe. Heureusement, tu peux toujours compter sur Zäven, prêt à bousculer n'importe quelle brute qui t'embêterais, quitte à décrocher, de son côté, plusieurs avertissements.  Une différence flagrante qui vous différencie l'un de l'autre. Ton côté première de classe, son côté pitre et mauvais élève, cela n'affecte en rien l'amour que vous vous portez mutuellement. Ensemble, vous êtes plus forts.

Ensemble. Dans la vie, dans la mort; C'est quand on s'y attend le moins, que le destin s'abat sur nous. Certains diront "C'est la vie", d'autres se contenteront de te poser leur main, affectueusement, sur l'épaule pendant que tu es la, immobile, le souffle coupé. Et tu sens cette poitrine douloureuse, ce cœur en miettes qui saigne, pleure. Les larmes coules sans que tu ne saches les retenir. Ensemble, vous êtes plus forts. Zäven est la, derrière toi, il ne parle pas, lui aussi ne bouge pas. Il ne te retiens pas quand tes jambes perdent de leur tonicité et que tes deux genoux viennent percuter le sol, il ferme les yeux quand tes cris de détresse et tes supplications se font entendre, s'élèvent dans l'air et déchire les cieux. Tu réalises à peine ce qui est en train d'arriver, tu comprends à peine ce qui se passe, que ta vie bascule du rêve au cauchemars, quand à l'intérieur de cet habitacle en bois, repose celle qui vous a élevés Zäven et toi. Et tu lui en veux quelque part de vous avoir menti, et tu l'as pleure parce qu'elle te manques déjà. Tu espères au fond de toi qu'elle reviendra, qu'elle sera derrière toi, souriante, à vous inviter, ton frère et toi, à rentrer chez vous, cette maison, certes en piteux état qui pourtant était vôtre chez vous, qu'elle avait pût avoir après avoir enchaîner les petits boulots. Cette femme, courageuse, s'est battue après la disparition de son Mari, alors qu'elle aurait pût s'ôter la vie, désespérée. Elle s'était battue pour vous, avant qu'un cancer ne la rattrape à son tour pour contredire ses envies de bonheur auprès de sa famille. Tout était arrivé beaucoup trop vite, trop tôt, et vous ne l'avez sût que trop tard. Un mois après le terrible diagnostique et elle s'en était allée.  A vos dix huit ans, Zäven et toi êtes devenus orphelins.

Et la vie continue, chienne de vie.:Tu en as voulu à la terre entière, et tu restais livide quand tu entendais les "désolé" et les "condoléances" des autres. Tu savais au fond de toi que cela ne te ramènerais pas ta mère. Un couteau planté en plein cœur que chacun s'amuse à enfoncer un peu plus avec leur fausse empathie. De la pitié, c'était bien la dernière chose que tu voulais. Des solutions pour Zäven et toi, il y en avait des tonnes, repartir à Salamanca faisait parti de ses solutions. Il y avait bien cette famille Serbe, celle de ta mère qui aurait pût vous aider, seulement des tensions avaient éclatés entre vous juste avant que vous ne déménagiez. A dix huit ans tu te retrouvais avec des rêves pleins la tête et peu de moyens. Une réalité qui te tombe brutalement sur la gueule sans que tu n'ais eu le temps de l'appréhender. Tu sais que les études sont chères, tu sais qu'il y a le loyer à payer, les factures à payer, la vie à assumer. La tienne et celle de ton frère qui n'a pas attendu que tu te bouges pour commencer à trouver de l'argent. Il a sût en rapporter, plus d'une fois, et tu ne t'es jamais véritablement demandé ou il le trouvait cet argent. Pendant que toi, tu te lamentais sur ton sort, Zäven avait trouvé la force pour se bouger, pour, de son côté aussi, tout faire pour que tu réalises tes rêves. Jeune, sans aucune véritable qualification, difficile de trouver réellement un travail au salaire suffisamment imposant pour payer toutes vos dettes et vos factures. Jusqu'à qu'une petite voix te souffle à l'oreille d'aller chercher du côté d'un des night club de la ville qui rechercherait des jeunes femmes dans ton genre. T'étais hésitante, toi la première de classe, mais t'as fini par y aller quand même, un soir, la tête baissée. T'as découvert cet univers, ce monde, du haut de tes dix huit ans. Le monde de la nuit, de l'érotisme, de la sensualité. Un monde ou les belles créatures s'exhibent pour de l'argent. Un monde qui n'était pas le tien. Ce soir la, tu aurais clairement dû repartir aussi vite que tu n'étais entrée dans ce club, vite partir et ne plus y poser un pied.

Pourtant, ce soir la, tu as rencontré ce type, il t'as souris. Ce type, il t'as mis en confiance, il a vanté ses filles, ce métier, et t'as parlé salaire. Un salaire exorbitant pour une simple danseuse peu vêtue. De l'argent facile, une manière pour Zäven et toi de vous en sortir, de vivre plus ou moins bien tout en poursuivant tes études. T'as accepté, t'as fermé les yeux en signant le contrat, tu sentais ce dégoût profond en toi, et tu l'as ressenti encore plus fort lors de tes premières "présentations". S'exhiber, danser, se laisser finalement porter par la musique et éviter de croiser les regards des hommes, une mission difficile pour une femme censée assoiffer ses messieurs. Tu t'es faites, à de multiples reprises réprimander, voir menacer, jusqu'à ce que tu prennes l'habitude, que ton travail mérite salaire. T'as fais croire à Zäven que tu travaillais comme serveuse, il a pas insisté plus que ça, lui aussi de son côté était pas mal prit dans ses "recherches" de travail. Première fois que tu lui mentais. Tu sentais que ça te faisais mal de faire ça, mais te rassurais à la fois de dire que c'était pour "votre bien" à tout les deux. Au départ c'était ça. Une double vie d'étudiante qui, au soir venu, enfilait quelque chose de plus osé pour danser. T'en as pris l'habitude au fil des années, ton corps, dans ses mouvements, n'est plus maladroit. Fluide, sensuel, attrayant, attirant, suffisamment pour être l'une des danseuses les plus convoitées du nightclub. Convoitée, voulue, désirée et parfois même pour des services plus couteux qui , eux, ne font pas partis de ton contrat. Des services, prestations personnelles, qui va au delà d'une simple danse à distance, contre une barre de pole dance ou d'un podium. Coucher avec des clients n'a jamais fait parti du contrat, et pourtant, la encore, tu as finis par te laisser convaincre que c'était une solution pour remporter encore plus d'argent.

Une horrible façon. La plus détestable des façons. Une main sur la bouche, tu t'efforçais de ne pas hurler, de ne pas pleurer de rage et de dégoût envers toi même quand tu sentais ses mains d'hommes sur toi. Tu fermais les yeux et priais que les secondes ne soient pas éternelles, que le temps file aussi vite que la vitesse de la lumière. Entre les mains de ses hommes, ton âme s'éteint, ton cœur ne bat plus. Poupée quasi inerte, morte de l'intérieur. Ton lot de consolation; Une liasse de billets presque jetés vulgairement sur les draps encore chauds de vos ébats. Et tu attends que le client part pour exploser, pleurer, le corps tremblant qui file instantanément ou presque sous l'eau chaude de la douche histoire de te débarrasser de ses impuretés. Ses prestations, tu le sais, sont rares et fort heureusement. Tu les refuses autant que tu peux pour garder un minimum la tête haute, pour assurer tes journées d'études, pour affronter Zäven qui t'attends chez vous, inconscient de ce qui se trame derrière son dos.

 

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